- A Brassens
Est-ce un reflet de ta moustache
Ou bien tes cris de Mort aux vaches!
Qui les sduit
De tes grosses mains maladroites
- Aimer a perdre la raison
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaitre de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
Ah c'est toujours toi que l'on blesse
- Berceuse
La matinée se lève
Toi debout, il est temps
Attends encore, attends
J'ai pas fini mon rêve
Le soleil nous inonde
Regarde-moi ce bleu
- Berceuse pour un petit loupiot
Mon marmouset mon nouveau-né
Tu mériterais qu'on te gronde
Tu brailles comme un forcené
T'as pas l'air content d'être au monde
T'as le minois tout chiffonné
Pourtant tu devrais rire aux anges
Avec ton lange enfariné
Pour engraisser Monsieur Morhange
- C'est beau la vie
Le vent dans tes cheveux blonds, le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson, que c'est beau, c'est beau la vie
Un oiseau qui fait la roue sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout, que c'est beau, c'est beau la vie.
Tout ce qui tremble et palpite, tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite à jamais perdu pour moi
Pouvoir encore regarder, pouvoir encore écouter
- Ce qu'on est bien mon amour
Deux branches de tilleul entrent par la fenêtre
Le ciel cligne des yeux entre les feuilles vertes, ce qu'on est bien
Quatre papillons blancs dansent la passacaille
Un lézard se hasarde au-delà des rocailles, ce qu'on est bien
Dans ce pays de vent de genêts de bruyères
Dans ce pays brûlant de tendresse et colère, ce qu'on est bien
Seul le bruit du torrent déchire le silence
Et tu dis "mon amour, nous avons trop de chance"
- Chanson pour toi
Quand l'aube se prend pour Matisse
Quand les papillons se déplissent comme la fleur du grenadier
Quand le premier soleil fragile
Frappe aux volets clos de la ville, un à un pour les réveiller
Quand le premier cheval qui trotte
A de la fumée sous les bottes, de la terre sous les souliers
J'ouvre les yeux et je te vois, j'ouvre les yeux et je te crois
- Complainte De Pablo Neruda
Je vais dire la légende
De celui qui s'est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au cœur de la nuit
Le ciel était de velours
Incompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
- Comprendre
Je t'apprendrai l'eau, la lumière, l'arbre, la source, le torrent
Le secret des vignes des pierres, le bruit du vent
Toi tu m'apprendras la panthère, le chat, le renard et l'oiseau
Le cri blessé du solitaire loin du troupeau
Nous apprendrons à voir les choses et leur pourquoi et leur comment
J'aurai l'innocence des roses, toi des enfants
Comprendre la fleur et le fruit
- Cuba si
La nuit, quand je m'en vais à rêve découvert
Quand j'ouvre mon écluse à toutes les dérives
Cuba dans un remous de crocodile vert
Cuba, c'est chez toi que j'arrive
Je rencontre un vieux nègre aux yeux de bois brûlant
Assis devant la mer, grain de café torride
Le front dans le soleil, il me montre en riant
Là-bas, les côtes de Floride
- Deux Enfants au Soleil
Jean Ferrat
Deux Enfants Au Soleil...
La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Les cheveux défaits
Ils se regardaient
- Devine
Un grand champ de lin bleu parmi les raisins noirs
Lorsque vers moi le vent l'incline frémissant
Un grand champ de lin bleu qui fait au ciel miroir
Et c'est moi qui frémis jusqu'au fond de mon sang
Devine
Un grand champ de lin bleu dans le jour revenu
- He L'amour
Parole de Eh L'amour:
Eh l'amour tes gigolos ont su trouver l'filon
Qu'ils fassent la rue ou qu'ils fassent des chansons
Depuis l'temps qu'ils s'occupent de croquer tes millions
Eh l'amour t'as mauvaise mine tu sais dans tes romans
Et dans ces films où tu parais tout l'temps
- Heureux celui qui meurt d'aimer
Le chèvrefeuille de la terrasse met des ombres sur nos visages
Au ciel pas le moindre nuage, et je souris au temps qui passe
À travers un verre de vin
J'aime ces instants volés au grand vacarme de la vie
Là si je veux, je peux parler, seulement des petits soucis
Ecouter rêver les amis, dériver et me délivrer
Du poids du monde et de la vie, du poids du monde et de la vie
- Horizontalement
Verticalement, tu n'es pas une affaire, je sais bien
Mais horizontalement, c'est toi que je préfère et de loin
Je m'sens le plus triste des cruciverbistes car je suis
Derrière une grille, seul où toi ma fille, tu m'as mis
Pour trouver ta définition, je n'ai pas trente-six solutions
Belle comme l'amour futée comme un balai
Tu es la source de tous mes mots croisés
- Intox
Quand je me sens mal dans ma peau
Je peux faire la malle illico
Dès que la speakerine ouvre son tiroir
J'ai mon héroïne avec télé-soir
Je vois des chauve-souris roses, je suis sûr d'avoir ma dose
Intox intox intoxiqué, opium opium télévisé
- J'Entends J'Entends
Jean Ferrat
J'entends, J'entends...
J'en ai tant vu qui s'en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
- J'entends, j'entends
J'en ai tant vu qui s'en allèrent, ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu, ils avaient si peu de colère
J'entends leurs pas, j'entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journa, comme on en dit le soir chez soi
Ce qu'on fait de vous hommes femmes, ô pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées, vous regarder m'arrache l'âme
- Je meurs
Je meurs d'une petite fièvre, avec un prénom sur mes lèvres
Et quelques souvenirs heureux, quelque part au fond de mes yeux
Je vois la chose comme un acteur, que ses amis trouvent menteur
Quand son cœur à son dernier bond, le fait grimacer pour de bon
Alors moi je ris doucement, comme on rit aux enterrements
En me disant qu'au fond mourir, c'est ne plus s'arrêter de rire
- Je vous aime
Pour ce rien cet impondérable qui fait qu'on croit à l'incroyable
Au premier regard échangé
Pour cet instant de trouble étrange où l'on entend rire les anges
Avant même de se toucher
Pour cette robe que l'on frôle, ce châle quittant vos épaules
En haut des marches d'escalier
Je vous aime, je vous aime
- La cavale
Vingt ans au bagne ou à perpette, les gaffes collés sur les arêtes
Comme des empreintes digitales, malgré les chaînes et les boulets
Vissés dans l'âme et dans les pieds, les assassins et les pédales
Elle reste nichée dans ta tête, avec des couleurs de pâquerette
De petite fleur qui met les voiles, la cavale, la cavale
Avec ces amours qui s'arrêtent, pas plutôt dites qu'aussitôt faites
Pour devenir loi conjugale, trois mômes et la vie à perpette
- La Montagne
Jean Ferrat
La Montagne
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
- La petite fleur qui tombe
La petite fleur qui tombe pourrait faire un bruit de bombe
Ecoutez écoutez
La petite fleur profane, celle qui jamais ne fane
Place de la Liberté
Les deux pieds dans Paris le front dans l'avenir
La main tendue à qui voulait bien la tenir
Je fus heureux je vous le jure
- Le bilan
Ah! ils nous en ont fait avaler des couleuvres
De Prague à Budapest, de Sofia à Moscou
Les staliniens zélés qui mettaient tout en œuvre
Pour vous faire signer les aveux les plus fous
Vous aviez combattu partout la bête immonde
Des brigades d´Espagne à celles des maquis
Votre jeunesse était l´Histoire de ce monde
Vous aviez nom Kostov ou London ou Slansky
- Le malheur d'aimer
LOUIS ARAGON
Que sais-tu des plus simples choses
Les jours sont des soleils grimés
De quoi la nuit rêvent les roses
Tous les feux s'en vont en fumée
Que sais-tu du malheur d'aimer
- Le sabre et le goupillon
Comme cul et chemise comme larrons en foire
J'ai vu se constituer tant d'associations
Mais il n'en reste qu'une au travers de l'histoire
Qui ait su nous donner toute satisfaction
Le sabre et le goupillon
L'un brandissant le glaive et l'autre le ciboire
Les peuples n'avaient plus à s'poser de questions
Et quand ils s'en posaient c'était déjà trop tard
- Le Singe
Dans mon jardin zoologique
Je suis vraiment dans du coton
J'ai des cocotiers métalliques
J'ai des bananiers en carton
J'ai ma falaise en céramique
Au-d'ssus d'une mare en béton
Pi j'ai du soleil électrique
Pour me réchauffer les arpions !
- Les beaux jours
Les beaux jours de notre vie sont à ton image
Les uns pleurent, les autres rient et c'est bien ainsi
Nos beaux jours tombent des nuits, comme du ciel l'orage
Les beaux jours de notre vie sont verts et gris
Irrémédiable au temps d'aimer, coule le sable du sablier
Chaque seconde de ce mal qui court creuse la tombe de nos amours
- Les cerisiers
J'ai souvent pensé c'est loin la vieillesse
Mais tout doucement la vieillesse vient
Petit à petit par délicatesse, pour ne pas froisser le vieux musicien
Si je suis trompé par sa politesse
Si je crois parfois qu'elle est encor loin
Je voudrais surtout qu'avant m'apparaisse
Ce dont je rêvais quand j'étais gamin
- Les derniers tziganes
C'en est bien fini, nous ne verrons plus
De l'Andalousie, les gitans venus
La chemise ouverte sur leur peau brûlée
Les roulottes vertes au milieu des blés
Et coquelicot, pavot arraché
Les grands calicots place du marché
Le ciel se fait lourd, les roses se fanent
- Les Noctambules
Jean Ferrat
Les Noctambules...
Ils sont de tous les vestibules
De tous les salons majuscules
Les Noctambules
- Les Nomades
Jean Ferrat
Les Nomades...
Ils sont nés près de Barcelone
Ils ont grandi en Australie
Ils se sont aimés à Paris
- Ma France
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
- Maria
Maria avait deux enfants, deux garçons dont elle était fière
Et c'était bien la même chair, et c'était bien le même sang
Ils grandirent sur cette terre, près de la Méditerrannée
Ils grandirent dans la lumière, entre l'olive et l'oranger
C'est presque au jour de leurs vingt ans qu'éclata la guerre civile
On vit l'Espagne rouge de sang crier dans un monde immobile
- Mes amours
Mes amours, vous qui me savez des vôtres
Vous qui me savez si pauvre, si pauvre et si nu pourtant
Mes amours, la vie n'est qu'une chimère
Si l'amour n'y vient pas faire sa ronde d'oiseau géant
Mes amours, moi qui ai cette fortune entre mes mains désarmées
Je pense à ceux qui n'ont qu'une chanson triste pour pleurer
Mes amours, mais il faut tant de chansons, de poèmes d'Aragon
Pour sauver encore le nom de l'amour
- Mon amour sauvage
Mon amour sauvage, mon amour sauvage, ne va pas t'apprivoiser
Toi qui ne connais pas de cage et rugis en liberté
Face au lancinant message
Que Mandela dans sa cage lance d'Afrique du Sud
Ose à la face du monde
Quand souffle la bête immonde, affirmer ta négritude
- Mon bel amour
Mon bel amour grave, mon bel amour jeu
Mon bel amour sage, comme tu le veux
Mon bel amour flamme, mon bel amour feu
Mon bel amour femme, mon bel amour Dieu
Mon bel amour du mal de vivre entre mes mains seul étonné
D'être à l'instant où te livres, pareil aux pages de ces livres
Qu'on en finit pas de couper
- Musique de ma vie
Musique de ma vie, ô mon parfum, ma femme
Empare-toi de moi jusqu'au profond de l'âme
Musique de ma vie, ô mon parfum, ma femme
Entre dans mon poème, unique passion
Qu'il soit uniquement ta respiration
Immobile sans toi, désert de ton absence
Qu'il prenne enfin de toi son sens et sa puissance
- Nuit et brouillard
1963 г.
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
- On ne voit pas le temps passer
On se marie tôt à vingt ans
Et l’on n’attend pas des années
Pour faire trois ou quatre enfants
Qui vous occupent vos journées
Entre les courses la vaisselle
Entre ménage et déjeuner
Le monde peut battre de l’aile
On n’a pas le temps d’y penser
- Oural Ouralou
Parole de Oural Ouralou:
C'est dans l'aube chère à Verlaine
Que tu courais notre domaine
Humant l'air des quatre saisons
Odeurs de thym et de bruyère
Sous tes pattes fraîches légères
S'élevaient comme une oraison
Berger des landes familières
- Paris An 2000
Des cages s'ouvrent sur des cages
Il y a dans l'air comme un naufrage
Un cœur quelque part ne bat plus paris
Un cœur quelque part ne bat plus paris
Nous n'irons plus flâner aux Halles
Au petit jour à peine pâle
Nous ne vous tendrons plus la main
- Paris Gavroche
Casquettes à pont
Calèches et Phaétons
Avec cochers, avec cochers encocardés
Bourgeois goguenards
Bourgeois louis-philippards
Avec larbins, avec larbins de haute volée
Si vous croyez que moi, Paris
On peut m'avoir avec une fleur
- Pourtant la vie
À voir un jeune chien courir, les oiseaux parapher le ciel
Le vent friser le lavoir bleu, les enfants jouer dans le jour
À sentir fraîchir la soirée, entendre le chant d'une porte
Respirer les lilas dans l'ombre, flâner dans les rues printanières
Rien moins que rien, pourtant la vie
Rien moins que rien, juste on respire
Est-ce un souffle, une ombre, un plaisir ?
- Prisunic
Prisunic aux soleils d'aluminium fleuri
Je flâne en vos jardins d'ustensiles étranges
Prisunic, Prisunic, en passant je souris
Aux petites vendeuses couleur de pschitt orange
Ô vendeuses chéries en matière plastique
Prenez mon plasti-cœur et mes plasti-baisers
Puis nous nous coucherons dans l'herbe synthétique
- Que serais-je sans toi
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
- Regarde-toi Paname
Ne crâne donc pas tant Paname, je n'voudrais pas te faire de peine
Mais on peut voir couler la Seine ailleurs qu'au pied de Notre-Dame
De Châtillon à l'estuaire, elle baigne bien d'autres lieux
Grâce en soit rendue au Bon Dieu, y'a pas que Paris sur la terre
Paname si tu te crois belle, c'est que tu n't'es pas regardée
Du côté du quai de Grenelle ou de Maubert/Mutualité
Paris le soir Paris la nuit, tu bois, tu gambilles, tu t'empiffres
- Restera-t-il un chant d'oiseau
Que restera-t-il sur la terre
Dans cinquante ans
On empoisonne les rivières les océans
On mange des hydrocarbures
Que sais-je encore
Le Rhône charrie du mercure
Des poissons morts
- Ta chanson
Non je ne veux pas croire que dans d'autres mémoires
Il ne resterait rien, rien de notre bel âge
Ni des mille visages, de notre amour sans fin
Si j'allais disparaître, qui sait demain peut-être
A moitié du chemin, sans faire ta chanson
Mon amour ma faiblesse, trop de rimes se pressent
Dans la jungle d'idées qui courent dans ma tête
- Un enfant quitte Paris
Il s'en allait courant, il s'en allait criant
Il s'en allait hurlant, les mains sur les oreilles
On voyait qu'il fuyait, on voyait qu'il pleurait
On voyait qu'il tremblait, on disait qu'est-ce que c'est
Un enfant quitte Paris, il s'en va vers des merveilles
Les merveilles de ces pays où l'oiseau fait encore son nid
- Un jeune
On connaît l'ornithoryngulus, un des monstres de la préhistoire
Le plésiosaure-diplodocus qui hante encore toutes nos mémoires
On se souvient du pithécanthrope et de l'homme du Néanderthal
Jusqu'à l'homo sapiens de St-Trop, l'évolution restait très normale
Mais dites-moi, mais dites-moi
À quoi peut correspondre en notre temps
Un jeune, un jeune Républicain-Indépendant ?
- Un jour futur
Un printemps s'est levé aux couleurs d'incendie
A chaque cri vivant des grenades répondent
Hommes de cinquante ans qu'avez-vous fait du monde
Regardez-le l'enfant qui se dresse et qui dit
Un jour futur puis des millions de jours
J'avancerai parmi des millions d'hommes
Brisant les murs de ce siècle trop lourd
- Un Jour un Jour
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence