- Adieu Camarade
[Couplet 1]
Comme un arbre ne croît que pour fleurir
Toi tu n’avais grandi que pour la guerre
N’évoquant la mort que pour en sourire
Comme tout militaire de carrière
Ce sourire qui ne t’a pas quitté
Lorsque tu as bu ton dernier saké
- Aurore Glaciale
Après cette si longue nuit, se réveiller enfin
Tant d'années de ténèbres chassées en un matin
Voir se dissiper dans un clair ciel d'hiver
Cette rage sans espoir, cette anxiété amère
Ne plus avoir de comptes à rendre qu'à soi-même
Chasser d'un seul coup les dernières migraines
Se réveiller sans crainte, sans ce tonnerre sourd
Qui ébranle le cerveau à chaque nouveau jour
- Douche Froide
Tu rêvais de belles déprimes
A noyer dans des nuits sans fin
Comme dans les vieux polars français
Du début des années 80
De bars glauques un peu enfumés
De plongeons brutaux dans la fange
De filles de nuit pour oublier
- En attendant l'apocalypse
Lorsque les ombres s'allongent je reprends le gout têtu
Des solitudes qui rongent et des ivresses qui tuent
Des solitudes qui rongent et des ivresses qui tuent
J'aime errer le jour entier dans les avenues humides
Parmi les foules livides qui passent les yeux baissés
Et lorsque le ciel se zèbre de traînées aux couleurs fades
J'aime cet éclat malade et ces clairs obscurs funèbres
- In Memoriam
A ces générations baisées au nom des flux économiques
envoyées crever par milliers dans la boue de tranchées merdiques
A tous ces vaillants jeunes gens qui pour une poignée de vieux cons
sont aller clamser à vingt ans à Verdun ou à Douaumont
A ces existences bousillées à toutes ces familles détruites
pour sauvegarder les intérêts de la machine capitaliste
A la mémoire aussi de ceux qui tombèrent au petit matin
Sous les mécanismes ingénieux du charmant docteur Guillotin
- Institut Medico-Legal
e l'ai sortie de son tiroir
Comme un joyau de son écrin
Un trésor étrange et malsain
Luisant sous les néons blafards
Bien entendu la chère enfant
Qui par mes soins à présent gît
Sur une table d'autopsie
A tout au plus dans les quinze ans
- Notre Dame Des Fous
Vierge un peu espagnole, au visage blafard
Aux yeux clairs éperdus, azur brûlant l'ivoire
Vous bercez, moitié triste et moitié terrifiée
La sainteté étrange d'un Jésus mort-né
Votre châle se perd en longs plis de satin
Pourpre moirée d'ébène aux froissements sanguins
Dans la pénombre humide des vieux oratoires
Le sifflement du vent pour unique offertoire
- Raison d'etat
Que de sang a coulé en vain
Dont se sont baffes tous ces chiens
Ces fossoyeurs impitoyables
Larbins des flics et des notables
C'est tout le Paris populaire
Qui avait traversé tant de guerres
Que froidement on décapite
A partir de juin 48
- Souvenirs
Passent les mois et les semaines
Passent nos joies, passent nos peines
Et tout se fond dans cette vague
D'indifférence un peu maussade
Coucher de soleil dans la cuisine
Le vasistas donne sur les usines
Tout passe, tout meurt, tout me rappelle
Que seuls les regrets sont éternels
- Terrain vague
Через забор
Я смотрю на пустырь,
На незаконченную стройку,
Которую дождь превратил в болото.
На ржавые барачные постройки,
Выглядящие на фоне неба кляксами,
И огромный котлован, что все увеличивается
Со стороны станции метро Пернети.